Actualité du 03/07/2021
Le sergent Clément Dounon au défilé du 14 Juillet
Parmi les quatre défilants issus du SDIS41, le sergent Clément Dounon, SPV au CSP Romorantin, participera au défilé du 14 Juillet sur les Champs Elysées au sein du 14e Bataillon des sapeurs-pompiers de France.

Aussi loin que remontent ses souvenirs, il se revoit pendant les vacances chez ses grands-parents qui vivaient à Salbris, en Loir-et-Cher. Quand Clément Dounon entendait la sirène de la proche caserne des sapeurs-pompiers, il enfourchait son petit vélo, pédalait de toutes ses forces, fonçant vers le haut-parleur. « J’allais voir partir les engins ! J’étais fasciné ! J’ai toujours voulu être pompier. »
Né à Romorantin-Lanthenay il y a 43 ans, il grandit entre Villeherviers, entre la forêt et ses élevages, parcourant ces grandes lignes droites tracées entre les arbres qui mènent à de petits villages discrets et cachés dont les façades des maisons sont couvertes de briquettes rouges. « C’est beau. »
« J’ai réussi à vivre mes deux passions »
Passionné par les voitures, il passe un BTS « maintenance automobile », avec l’espoir d’une carrière chez les sapeurs-pompiers. Las, cette formation ne lui ouvre pas les portes des écoles d’officiers : « J’ai continué dans la voie où je me trouvais. » Il travaille aujourd’hui dans l’expertise automobile. « J’ai réussi à vivre mes deux passions ! Mais, être pompier, c’est aussi une soupape par rapport à mon métier. »
Il s’est donc engagé à 16 ans en tant que volontaire, recruté à Romorantin par un jeune lieutenant devenu depuis lieutenant-colonel en charge du pôle opérationnel du Service départemental d’incendie et de secours. Il se souvient des formations secourisme ou incendie : « C’était passionnant, ça nous a soudés. Certains sont devenus des amis fidèles, beaucoup sont passés professionnels. Cet univers est riche, on découvre plein de gens : chacun apporte ses connaissances, son parcours, ses compétences particulières. L’un est électricien, l’autre, mécanicien… »
« On a tout tenté, mais en vain »
Beaucoup de choses ont changé au fil du temps. « J’ai toujours pris mes gardes le samedi. Le sport, les manœuvres, la convivialité… Dans les premières années, à 21-22 heures, on allait se coucher car on savait qu’à 2 heures du matin, il allait falloir sortir. C’était la fermeture des discothèques. En 30 ans j’ai fait deux gros feux en attaque, mais combien d'accidents routiers ! Depuis, il y en a moins heureusement : les progrès techniques dans les autos, la prévention et la répression ont bien fonctionné aussi. »
Aujourd’hui père de deux filles de 17 et 13 ans, il se sent en harmonie, à l’équilibre. « Ma famille comprend très bien le temps que ça me prend. Le frère de ma femme est lui-même pompier à Blois ! » Comme tout sapeur-pompier, le sergent Dounon a vécu des interventions particulièrement marquantes, comme ce jour où il a conduit le véhicule de secours jusqu’à Salbris pour une double noyade dans une piscine privée. « On a appris qu’il s’agissait de deux cousines, très jeunes. » Une véritable urgence. Il va vite. « On a tout tenté mais en vain. Quand le médecin nous a dit d’arrêter sous le regard des parents, c’était vraiment dur, tout le monde était en larmes. A l’époque, on n’avait pas d’accompagnement ou de soutien psychologique. »
« Je me suis toujours senti utile »
Il y a 5 ans, en 2016, Romorantin a subi d’importantes inondations. « Je piétinais à ne pas pouvoir aider. » Son employeur, Adexia CCEA expertise, compréhensif, lui permet de rejoindre ses autres collègues. « J’étais dans l’une des embarcations qui faisaient du porte à porte en centre-ville pour évacuer les gens. J’ai aussi accompagné la sécurité civile à Villeherviers pour les guider sur un terrain que je connais par cœur, trouver les bons chemins… Je me suis toujours senti utile en tant que sapeur-pompier. »
Clément Dounon perçoit aussi avec une grande acuité l’histoire dans laquelle il s’inscrit. Avec un arrière-grand-père qui a combattu en 1917 sur le Chemin des Dames et deux grands-pères très impliqués dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes les commémorations revêtent un sens particulier à ses yeux : « On doit le respect à tous ceux qui se sont battus et qui sont tombés pour nous. Le 14 Juillet, comme les autres cérémonies nationales, je participe. »
« Ça ne sera pas volé »
Depuis qu’il a vu défiler le premier bataillon de sapeurs-pompiers de France en 2008, il se demande chaque année « comment faire pour avoir l’honneur de venir sur les Champs-Elysées ? » Quand l’opportunité s’est présentée, il l’a saisie dans la seconde. « Ça représente beaucoup de choses. » Et ça exige, aussi. « Les préparations sont une vraie remise en question. On s’entraîne devant la glace, on cire les chaussures tous les jours ! »
Si, aux premiers entraînements, il n’y avait « pas de stress, juste le plaisir de retrouver des copains et de s’exercer sous le commandement du capitaine Ponin, quand on est passé de 40 à 5, là, je me suis dit, c’est du sérieux, on est dedans, faut pas faire d’ânerie ! Si j’arrive à poser un pied sur les Champs, ça ne sera pas volé ! Je suis sûr qu’on sera tous prêts. Je ressens l’envie commune pendant les entraînements. Quand on prend ce genre de décision, on la prend en pleine conscience, on sait que ça va être carré et qu’on va faire partie de quelque chose de fort. »
D’une capitale à l’autre
Le 14 juillet prochain, lui, qui aime tant les Alpes et la montagne, gravira alors l’un de ses plus beaux sommets. Autour de la ligne droite sur laquelle il défilera, ce ne seront plus les chênes et les pins de sa forêt, mais les bâtiments de « la plus belle avenue du monde ». A l’horizon ce ne sera pas un petit village typique aux maisons de briquettes rouges et aux clochers torves, mais l’obélisque de la Concorde, le jardin des Tuileries et la pyramide du Louvre.
Pourtant, le sergent Clément Dounon ne fera simplement qu’avancer sur le même chemin qu’il a emprunté il y a plus de 30 ans : de la capitale de la Sologne à la capitale de la France, il est toujours ce jeune homme de 16 ans qui rêvait d’être un sapeur-pompier.